LE NOUVEAU PHENOMENE DES JEUNES DJ AMBULANTS
LE NOUVEAU PHÉNOMÈNE DES JEUNES DJ AMBULANTS
Par
Peterson MONESTIME
Je grandis dans une ville frontalière où
autrefois, je voyais les diasporas qui vivaient en R. Dominicaine, en revenant
voir leur famille en Haïti, ont l’habitude de marcher en pleine rue avec des
radios en main à haut volume, écoutant de la musique ‘batchata’ dominicaine ; aujourd’hui le même constat avec des
acteurs différents, ce sont les jeunes qui, à toute heure, parcourent les rues
avec des speakers (radio jocker
box) en main, écoutant tout type de musique, généralement du ‘Raboday’. Les paroles véhiculant à
travers ces musiques, généralement font l’objet de dénigrement sur les femmes
portant atteintes à la dignité humaine et aux bonnes mœurs. Cette pratique des
jeunes me laisse perplexe. En effet, je pars d’un premier présupposé que, tout
le monde n’est pas appelé à être musicien, chanteur, ou danseur. C’est un
fait ! Un deuxième est que les chanteurs ou danseurs ont des lieux
spécifiques pour exposer leurs talents. Donc cette pratique crée un trouble à
l’ordre public.
En effet, la musique est une distraction
essentielle dans la vie de chacun. Qui n’a pas entendu un morceau de musique au
moins une fois ? Chaque pays a son rythme, son style de musique qui fait
partie de sa culture, de son identité. Cependant le choix musical des individus
peut varier d’une culture à une autre selon leur appréciation. Chacun a son
style préféré, son rythme adapté, son goût. Chacun a peut-être son groupe
musical préféré. Le constat que nous
faisons n’est pas à ce niveau, autrement dit, notre intention n’est pas de
questionner la liberté individuelle de chacun pour passer des moments de
distraction ou de chercher son bonheur.
Ce que nous constatons de nos jours est l’inexistence
de l’orientation de la jeunesse, donc on a affaire à une catégorie de jeune
sans repère, sans orientation, délaissé, méprisé, humilié, minimisé, qui n’a
pas tellement de choix et qui s’est obligé de passer tout son temps à chanter à
danser dans la rue sur les rythmes des ‘afros
et des dj’. Le temps qui devrait consacrer à la famille, à des études et au
travail, est passé à la distraction. Le pire, à une pratique musicale qui
dérange le fonctionnement de la société. Sans blague ! Par cette pratique
on a du mal à déterminer où commence la période carnavalesque et quand est-ce
qu’elle se termine. Les rues de la ville sont toujours au rythme de la musique
à haute intensité.
De ce constat, nous soutenons : la nature a horreur du vide. La jeunesse
est en train de le combler. Autrement dit, l’existence de ces jeunes
consommateurs ambulants de musique traduit l’absence de politique de jeunesse. Comme
résultat, face à cette absence de politique juvénile, l’émigration devient un
exit sur et pratiqué ces derniers temps par une catégorie de ces jeunes. Ils sont nombreux ceux qui partent pour le
Chili aujourd’hui. Nombreux sont ceux qui restent également avec
un goût amer parce qu’ils n’ont pas encore les moyens économiques pour prendre
le chemin de l’émigration d’autre part. Cette pratique constitue, selon notre
compréhension, un moyen pour ces potentiels candidats de s’amuser dans la salle
d’attente de l’émigration, parce que, rester crever en Haïti, c’est le pire des
choix qu’ils voudraient éviter.
Généralement, ce groupe de jeunes se baigne
dans un fatalisme ! L’école n’est
pas prioritaire dans leur cerveau ! Si l’on se réfère à cette image qui
parcourait les réseaux sociaux le mois dernier, où un élève de la 9e
année Fondamentale écrivait sur une feuille d’examen « Chili li ye tonton », peut-être
c’est une blague, mais en réalité, blague ou pas, qui traduit la préoccupation
de nombreux de nos jeunes en Haïti : partir ailleurs. Laisser le pays à
tout prix, est écrit en grande lettre dans leur esprit. Ils ne sont pas
responsables de leur sort, ils sont tous des victimes. Ils subissent les mauvais
choix des dirigeants d’autrefois, et d’aujourd’hui.
En
définitive nous voyons dans ce phénomène une attitude de dégoût de ces jeunes
pour tout ce qui peut être considéré comme culture, identité et valeur haïtienne.
C’est un acte de rébellion ! C’est leur manière de révolter contre l’ordre
social institué par nos élites. Ils
veulent consoler leur esprit dans l’acculturation afin de trouver du bonheur ailleurs. Comme ils ne
peuvent pas encore voyager, ils font voyager leur esprit à travers des musiques
étrangères. Et si rien n’est fait comme palliatif, nous aurons à la fin une
augmentation du nombre de jeune qui continue à écouter de la musique à travers
les rues, sans objectif, désorienté, et c’est très inquiétant pour le futur,
parce que : JEUNES D’AUJOURD’HUI SERONT LES ADULTES DE DEMAIN. SAUVONS NOS
JEUNES.
Peterson MONESTIME
Juriste
37496147/ 33292512
Aout
2017
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