MONSIEUR LE PRÉSIDENT, CONNAISSEZ-VOUS VRAIMENT DAJABON?
MONSIEUR LE PRÉSIDENT,
CONNAISSEZ-VOUS VRAIMENT DAJABON?
Pour
avoir passé mon enfance à Ouanaminthe, j’ai été toujours choqué par les
disparités énormes entre deux villes frontalières contiguës : Ouanaminthe
et Dajabón. De la prison civile de Fortaleza où sont souvent entassés des
sans-papiers en passe d’être refoulés sur le territoire haïtien en remontant
dans un passé un peu récent aux vêpres dominicaines, des anecdotes amères nourrissent encore ma
pensée fébrile et mon imaginaire d’homme.
De
cette jeunesse en agonie du Nord-Est, qui de tout salut désespère, Monsieur le
Président, connaissez-vous vraiment Dajabón ? Considérée comme l’une des
32 provinces dominicaines et capitale de la province qui porte ce même nom, ville
monumentalement symbolique et historique, principale scène de théâtre du
Massacre de 1937 ordonné par le feu
généralissime dictateur Rafael Leonidas Trujilo y Molina, Dajabón présente aujourd’hui toutes les caractéristiques
d’une ville moderne avec une grande capacité infrastructurelle (places
publiques, musée, hôpitaux, rues asphaltées et canalisées, centre commercial,
aéroport national) et une grande présence étatique (palais de justice, palais
municipal, corps militaire frontalier).
Pour
avoir cultivé ce rêve depuis belle lurette, celui où cette ville frontalière
jetée aux oubliettes serait un jour plus belle et prospère que Dajabón, sa
ville voisine, j’ose vous croire Monsieur le Président. Qui a le droit de voler
les rêves et les désirs des Ouanaminthais (e) s jusqu’à les transporter à vos
oreilles si embarrassantes ? Prétextant que les idées n’ont pas de maîtres
dans ce bas-monde et par conséquent libres, j’ose vous croire pour une seconde
fois.
De
plus, la ville est aussi le lieu d’intervention du politique. Nos rêves et idées
participent à la géographie de la
construction des villes. La vraie architecture évolutive devrait être
l’intervention du politique dans l’espace physique et public dans la logique de
façonner le bien-être de la collectivité.
Monsieur
le Président, la jeunesse du Nord-Est prend note de votre volonté à vouloir transformer cette commune
frontalière durant votre quinquennat. Nous sommes aussi conscients que la
volonté seulement ne suffit pas, il faut aussi des moyens, des stratégies et
une ligne d’actions publiques. Nous attendons incessamment le démarrage de
grands travaux d’infrastructures, d’urbanisation, de canalisation, de
construction d’hôpitaux, de lycées, de routes, de canaux d’irrigation dans la
plaine de Maribaroux.
N’est-il
pas grand temps d’adopter un plan d’aménagement du territoire et d’accorder un
statut spécial aux habitants frontaliers en raison de leur vulnérabilité ?
Pour la première fois, à l’occasion de ses 210 ans (1807-2017), il faut sauver
la ville de Ouanaminthe, un point de contact privilégié avec les étrangers,
surtout ces touristes en provenance de la République Dominicaine qui ont envie de
voir notre Citadelle Lafferière léguée par le patriarche Roi Henri Christophe.
En
attente de la concrétisation de vos promesses, je vous prie de croire, Monsieur
le Président, en mes salutations patriotiques.
Méleck Jean Baptiste
Politologue, Citoyen
Quisquéyen
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