Une école toujours au détriment de la masse haïtienne !
Une école toujours au détriment de la
masse haïtienne !
par Kerns P. Lareche
Cette phrase reste engluée dans mon esprit,
comme chacune des trois membranes enveloppant la moelle épinière des méninges,
à chaque fois que je dois penser à la rentrée scolaire en Haïti ; la
fameuse « formule » presque devenue dogmatique qu’est le « tant
vaut l’école tant vaut la nation ». Et, les deux concepts clés de cette
assertion existent comme une application bijective d’une fonction en
mathématique ou l’un agit sur l’autre de manière dialectique.
Cet écrit se veut exempt d’une certaine
historiographie scolaire haïtienne parce que, non pas qu’il s’écarte du
prolongement ou d’une revisabilité que veut la science, mais s’évertue plutôt
de découler d’une pensée qui puise sa source dans la réalité « objective ».
C'est-à-dire il compte se baser sur l’expérience et recourir à une
impartialité certaine à travers les différentes lignes.
En effet, si on considère cette tranche
d’histoire tout de suite après la réforme Bernard au début des années 80, on
verra non seulement que l’école haïtienne s’inscrit dans un processus de
paupérisation de la masse axé sur une dynamique de non résultat et d’une manque
d’efficacité en priorisant la massification des élèves dans les écoles
publiques au détriment d’une modernisation éducative technique basée sur les
nouvelles technologies de l’information et de la communication ( NTIC), mais
aussi crée une individualisation outrancière au niveau de la société – que ce
soit du coté des élites ou de la masse dépourvue
de tout instinct grégaire et incapable de faire face aux défis de l’heure.
Et, le déclin vertigineux du système éducatif
haïtien durant ces 30 trente dernières années
n’est pas sans résultat et peut se traduire par exemple par l’avènement
d’un certain Michel Martelly surnommé « Sweet Micky »- un musicien
chanteur popularisé grâce à ses propos grivois- à la tête de la
magistrature suprême du pays durant le quinquennat 2011-2016, d’un Willot
Joseph et d’un Gracia Delva, tous deux élus sénateurs, non pas pour les valeurs
qu’ils charrient à travers l’école haïtienne ou d’une certaine maitrise des
problèmes sociaux qu’ils ont acquis par le biais d’une pensée complexe mais par
ce que j’appelle une « démocratie starisée », devenue à la mode
avec Wyclef- Martelly , doublé par le pouvoir de l’argent ; d’un Magalie
Habitant, la directrice de la SMCRS qui, dans son discours de prise de
fonction, avili tout un système où ses
élèves sont presque incapables de
produire, de manière orale ou écrite, cinq (5) phrases bien articulées ( dans la forme et le fond) en français.
De la reforme Joseph C. Bernard jusqu’au
Programme de Scolarisation Universelle Gratuite et Obligatoire (PSUGO), on a
fait choix de passer d’une tentative de « reforme » inachevée selon
plus d’un à une intensification désordonnée en termes de nombre d’élèves au
niveau des salles de classe. Une politique qui se veut beaucoup plus
démagogique- si on tient compte des résultats du Baccalauréat durant ces 10 dernières
années avec un taux d’échec constant au-dessus de 50% (une considération micro)
- que de vouloir atteindre la
démocratisation qualitative systémique de ladite école. Une école montée à
plusieurs vitesses, qui ne fait que, d’une part, reproduire des inégalités
économiques criantes et, d’autre part, reproduire un système social touché à sa
fin. La preuve : des milliers d’haïtiens partent vers l’Amérique Latine en
quête de mieux être en fuyant une société qui, depuis plus de deux cent ans, est
en panne de solution pour les masses.
Ce qui, quelque part, crée une sorte de
méfiance à l’égard de l’école haïtienne, surtout chez les enfants de la paysannerie,
ceux des bidonvilles et parfois même chez certains de la classe moyenne qui se
livrent plutôt à des solutions cosmétiques en s’adonnant à des pratiques telles
que taxi motos, migration massive, plaisirs mondains, ventes de
« pappadap » etc. Des activités qui ne font que leur accorder le
« primum vivere », et leur mettre dans une incapacité constante pour
pouvoir même identifier leur ennemi et se mobiliser pour le combattre dans une
perspective de transformation sociale.
Kerns P. LARECHE
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