Le récit du voyageur : Mwen pa egare !

Le récit du voyageur : Mwen pa egare !

Par Marc Donald Jean Baptiste
Voilà !
Tous ceux qui ont l’habitude de voyager en province pendant les vacances pour faire de longs trajets vont rapidement saisir mon histoire. Je ne dirais pas que mon histoire leur est exclusivement réservée. Mais, ils ont au moins eu cette sensation une fois dans leur vie.
Suivez mon regard ! Comme aimait dire mon ami Petit Frant (Pépé )!
L’histoire : c’était en Décembre 2016 je crois, Je laissais Port-au-Prince à destination du Cap-Haïtien.
Oh merde ! putain ! 6h de temps de route ! Mon téléphone ne peut pas supporter tout ce trajet !
D’ailleurs il était à 50% de batterie depuis hier soir, problème d’électricité.
Bon erezman nan 24 mwa m pap gen sousi sa ankò !
Sakalawèl kat pelouz mwen nan menm !
Ou pa egare !
En même temps je me souviens de cette blague sur Facebook qui relatait que la seule menace que les haïtiens prennent au sérieux est quand la batterie de son téléphone annonce qu’elle est à 1%.
Le mien à 50%, je suis déjà paniqué !
Facebook sa papa ! ou koumanse twòp pou mwen !
Aussi, Je commence à réfléchir, le temps pour ouvrir data connections, faire un petit selfie en siège bien installé, pour poster sur face ; répondre à quelques petits messages sur 23 groupes waths-app,
Neg sa yo tèlman radote sou group sa yo ! tenten an  ap gentan dichaj ! salopri sa bwè chaj pase pitit bòpè !
Bon il faut avoir un plan B pour faire la route, paske moun yo tèlman pral pale nan machin sa m pap k dòmi !
Anvan w kase chèz la pou w fon ti kabicha, moun deyèw la pwal rele anmweyy wap kase pyem ti gason.
Ou dwe panse se na dòmèz ou ou ye la!
Hmmm! M pa gen kote pou m pran mo !
Euh oui ! j’ai trouvé une recette !
M pa egare !
S’asseoir à proximité d’un potentiel Gibier, una chica bonita pour faire la route.
Sa nou di ti mesye ? ou pa janm konnen.
Comme dit comme fait ! Sur un banc à deux, je me précipite pour m’asseoir stratégiquement à l’extrémité et laisse mon piège bien attrayant. Le siège exactement sur mes côtés !
M kole tout boudam nan lòt bò a. Map met may !
Dépendamment de la personne qui passe, j’ai deux refrains en s’appuyant sur le gros pouce du pied ou lever l’accélérateur : celle-là je veux, celle-là je ne veux pas.
Ouf ! Cette grand-ma a failli déjouer mon plan.
Erezman se plas fenèt li te bezwen, siman sanble poul te k vromi !
Viens viens ! chante-je à l’intérieur, en apercevant une jolie fille avancée dans le couloir du bus !
Dieu a écouté ma prière !
Enfin la potentielle gibier assise.

FIN D’ACTE 1

ACTE 2 : LE TEMPS D’OBSERVATION
Jeune, belle, apparemment imposante, à première vue, elle fait peur.
Maintenant trouver une occasion d’attaquer, voilà le défi !
Chofè okap toujou renmen bay bagay tropikana, septantriyonal, bay bagay lajenès tou mezanmi, lance un homme assis juste derrière moi.
Ou fou nèg, se pi gwo jazz peyi a k’ap jwe la wi, bagay lakayòw ou vle meprize ! Èy chita tande frèranm ! rétorque un autre avec un accent capois prononcé.
Depi tan m’ap pale avè nou la, yoyokana a te gentan dichaj lontan. M pa menm gentan wè kiyès ki layk Foto mwen  an an premye!
Bon chofèèèèèè, tu ne connais pas la théorie de la diversité lance un jeune homme d’un ton grave en français ! Moi je suis étudiant à l’UEH, chaque jour on étudie ça !
Bon Fout ! talè m mande nèg sa nan ki UEH lap etidye la, m fèl tranble kou fèy Bwa !
Pou bondje m bal chans, paske depi sou diskou nèg la ou wèl sou kou !
Antouka sa pa jagon etidyan inivesite leta a, nou tèlman gen menm diskou, menm referans dèfwa menm diskisyon nou pa ka fè. Lol
Li tap pouse chofè a yon kout djòl bòkyè kanmenm !
Kèk vye badj prefak wi ki nan bonda neg la wi.

Oo ! le chauffeur semble bien impressionner par cette fameuse théorie de la diversité, après quelques morceaux : lance Arly until when: donnez ! oui je t’ai donné mon cœur dès le premier jour ! kapris ak sibtibilite…
Biw ! autre Arly, l’album en entier va passer
Enben se yon pwen Arly yo voye sou chofè sa lance un fanatique de Klass !
Chofè a pa tande li pa wè, Dayè volim li tout longè, epi lap klaksonnen sou chak koub lap pran tankou se solo gita lap fè !   
eee. Se sak te rete ! J’aperçois la fille à mes côtés, chante à chaque morceau et cadence.
Non et oui ! Ti Doudou, tu devrais attaquer !  Murmure les voix dans ma tête! Ou pa ta di tout vwa yo yon sèl kou anndan vant mwen ap fe alto soprano bas ! tankou m gen twa jou m poko janm manje.
Di djab bonjou l’ap manjew, pa di l bonjou lap manje w.
Poum ta fè tout gaspiyaj enèji sa pou granmesi !  
C’est deux lots !

FIN D’ACTE 2

ACTE 3 : L’ATTAQUE
Je ne savais pas si tu aimes autant la musique ? D’un ton sec la fille me répond : 
Ça peut arriver monsieur.
Wi fout ! ala fanm dwòl papa, murmure-je ! Elle ne me donne même pas la possibilité de continuer la conversation.
 Humm ! 10 minutes après. Elle continue à chanter. Non cette fois je devrais l’attaquer de la bonne manière.
Je ne doute pas qu’Arly est ton artiste préféré ?
Si, me répond d’un seul mot.
Félicitation ! tu connais toutes les musiques de ton artiste.
Tu sais comment ça s’appelle?
Sans même attendre sa réponse, m oblije kouri  bat tanbou mw m danse l ankò !
FANS avec les lettres majuscule, lance-je
Un jour qui sait, on pourrait même t’appeler à remplacer Arly si Nu look a besoin d’une voix féminine.
Un petit sourire aux lèvres, elle me répond : j’aime les musiques, mais je ne sais pas vraiment chanter.
Epa wap vini ou pat la non, murmure-je. Finalement il faut attaquer les femmes par les félicitations.
Un jour, moi, je rêve de te voir chanter.
Eeee ce serait difficile.
J’ai dû le dire de nouveau.
Comment ça, tu m’as déjà vu chanté ?
Mais tu viens à peine de le faire et tu vas continuer á le faire sur le prochain tube que le chauffeur va jouer.
Lolll. Tu sais tu es drôle toi !
eeeeee. Genn avni papa murmure-je une fois de plus.
Et comment tu fais pour savoir toutes ces chansons ?
Tu sais je suis fan d’Arly depuis ma plus jeune enfance ! je me souviens de la première soirée que j’ai assisté j’avais 5 ans.
Ah bon.
Depuis lors je ne rate pas un bal d’Arly toutes les fins d’année que ce soit au Cap-Haïtien ou à Port-au-Prince.
Ala ti fanm djole papa ! sanble se poz li tap pran ! resonne une voix intérieurement.
Tu as déjà rencontré l’artiste ?
Oh oui ! il me connait très bien ! on a déjà fait beaucoup de photos ensemble.
Que c’est cool ! e jan yo di neg sa enpozan ?
Antouka se pa ak tout moun! Moi il me reçoit toujours comme une reine.
Wouyyy men mizik pam lan ! lance-t-elle, au moment où la bande s’annonce la musique cookie : elle me parait trop jeune pourtant je l’aime… !
Il parait que c’est pour toi qu’Arly a écrit cette musique, dis-je d’un ton moqueur?
lollll non, je ne crois pas. Mais un jour il l‘a chanté pour moi dans une soirée.
Je crois que j’ai les photos que j’ai pris ce soir-là. Je vais te les montrer.
Là, cette photo c’était au Djumbala Night-Club ; ici c’était au feu vert Night-Club ; celui-là au parc historique de la canne à sucre ; ici au parc historique de la canne à sucre, plus d’une quarantaine de photos défilaient.
Bon sam tap chèche a m resi jwenn atìo, ala fanm k pale mesye, mumure-je.

FIN D’ACTE 3.

ACTE 4 : RECENTRER LE BALLON
Les photos passaient tellement sous mes yeux, que ça stimulait mon sommeil. Et à chaque fois elle me secouait. Ici c’était la graduation de philo.
Très belle je réponds sans même regarder. On dirait à chaque fois que la petite vermine me voit dormir, elle me secoue pour me montrer une photo, ou pour me dit voici sa musique préférée. A chaque fois que j’essaie de changer le sujet de conversation, elle revient encore avec cet Arly et ces photos. Merde ! La meilleure solution pour trouver la tranquillité est de descendre le bus ! Parce que j’ai tout essayé !
M desann mòn pilboro sanm pa konnen !
Oo apam te gentan preske rive baryè, m pa wè sa !
M pap fout rive nan lokal bis la ak myèl sa nan zorèy mwen !
M pa egare!
Mesi chofe m rive ! oufff.
Bye Merci pour la compagnie ! tu as été très gentille avec moi !
Sans même répondre mon au revoir ! Et arrête un peu voici la musique que j’aime le plus.
Tu me la passes par WhatsApp.
 D’accord !
Souveni w boulvese tet mw lespri mw…
Ah oui, manman souvniw te boulvesem vre wi.
Menm non limenna a m pa gentan pran non !
Kotel pwal jwenn telefòn mwen sa !
Wè Monchè ! byen jwenn byen kontre, repete-je en descendant le bus !
Tu as oublié de me passer ton numero, entend-je dans la fenêtre du Bus !
Oo ! Depi map mache m resi jwenn !
M pa fout okipe l menm ! Tète droite! J’en ai assez!

Marc Donald Jean Baptiste (Doudou)


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